J'ai aimé lire très jeune, et ai pu satisfaire ce besoin car j'étais entourée de livres, et au besoin il y avait toujours une bibliothèque pour dépanner. Très tôt j'ai découvert (et apprécié) la science fiction parce que ma mère, grande lectrice et donc véritable modèle pour moi, avait découvert et exploré ce genre avec passion.
Mes grands moments de lecture étaient, comme beaucoup d'enfants de ma génération, les vacances chez les grands-parents chez qui il n'y avait pas la télé et peu de livres accessibles à de jeunes lecteurs.
Une année, j'étais arrivée chez mes grands-parents avec ma réserve de livres, sélectionnés par ma mère. Parmi eux, "Ravages" de René Barjavel (1943). C'était l'été de mes 12 ans, et ce livre m'a profondément marquée, parce que je me suis toujours demandé ce qu'on deviendrait dans l'hypothèse d'un effondrement de l'énergie électrique : je reste assez ignorante de la survie de base, façon scoute, mais j'essaie toujours d'avoir à portée de main plusieurs sources d'énergie : électricité, gaz, chauffage au bois (les grèves et les pannes d'électricité ont bien contribué à faire prendre conscience des inconvénients d'une dépendance totale à cette seule source d'énergie). Je n'ai pas poussé ma sourde crainte jusqu'au bout, en devenant une personne réellement capable de vivre de ses productions manuelles : je sais à peine allumer un feu, mais ne sais pas vraiment coudre ou tricoter, ni vraiment faire pousser des plantes (que je connais très peu), ni faire des conserves. Mais j'essaie d'y remédier. A 80 ans je serai peut-être au point...
Ensuite, j'ai beaucoup aimé "Un bonheur insoutenable" d'Ira Levin (1970). J'avais 14 ans, et je ne sais plus ce qui m'avait poussée à vouloir lire ce livre plutôt récent. Le plus marrant, c'est que je le relis régulièrement parce que j'oublie le déroulement de l'histoire ! Et à chaque fois je redécouvre avec délectation le parcours de cet homme un tout petit peu différent qui ne supporte plus le "bonheur" obligatoire et aseptisé qui lui est imposé.
Un autre que j'ai lu à 15 ans et que j'ai détesté, c'est "Le meilleur des mondes" d'Aldous Huxley (1932). J'ai détesté l'histoire, qui est triste voire sordide. Mais après l'avoir cité à plusieurs reprises dans mes dissertations, je me suis dit que c'était tout de même un excellent livre, qui aborde plusieurs thèmes très importants touchant à la vie et à la mort. Les bébés qui grandissent en bocal, on y vient lentement mais sûrement...
Et pour finir, un ouvrage que j'ai lu quand j'étais déjà adulte, mais c'était il y a plus de 20 ans déjà, que je n'ai pas trop aimé parce que l'auteur massacre tous ses personnages un par un, et ça c'est triste (vous l'aurez compris, je ne rafolle pas des histoires tristes). Mais tout comme "le meilleur des mondes", j'y pense souvent en me disant que ce qui semblait vraiment de l'imagination pure est en fait de la prédiction tellement réaliste que l'auteur a dû avoir l'occasion de faire un saut dans le futur ! "Le troupeau aveugle" de John Brunner (1972). En fait c'est le plus flippant, parce tout ce qu'il raconte se produit sous nos yeux : allergies graves et très répandues, pollution sous toutes ses formes, dégénescence de l'agriculture (y compris du bio), atteintes diverses des populations, y compris dans le comportement, ...
C'est le seul livre que je n'ai pas encore relu...